Gibet de Montfaucon à Paris

Référent : Pierre Prétou  - Publié le 04/07/2018  - Dernière modification le 16/07/2018

Contributeurs : Pierre Prétou



Condamnation et supplice des Amauriciens en présence de Philippe Auguste
Jean Fouquet, Grandes Chroniques de France
Source : BnF, Français 6465, fol. 236
Massacre de la Saint-Barthélémy
François Dubois, huile sur panneau de bois, 94 × 154 cm, détail, entre 1572 et 1584.
Source : Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts
Le gibet de Montfaucon (1856)
H. Badoureau, dans Eugène Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française, Paris, 1856.
Source : Collection particulière
Le Gibet de Montfaucon dans les plans anciens de Paris
Source : Braun & Hogenberg, Delagrive (collection particulière)
Le gibet de Montfaucon dans les illustrés d’histoire
Source : Joseph Hemard, lithographie dans Trente Tableaux d’histoire de France, 1912

Adresse

place du colonel Fabien
PARIS

Ouvert au public : Non

  • Identité
    • Localisation : France, Paris
    • Date de Construction : fin du XIIIe siècle, début du XIVe siècle
    • Période de fonctionnement : XIVe-XVIIe siècle
    • Particularités :

      Sur la butte dite de Montfaucon, que l'on peut situer aujourd'hui approximativement au nord de la place du colonel Fabien à Paris, la justice royale fit ériger le Gibet de Paris, entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle, c’est-à-dire un édifice destiné à l’exposition des cadavres des condamnés à mort. De forme parallélépipédique d’une arrête d’environ une quinzaine de mètres, sa base était maçonnée en grand appareil tandis que seize piliers de pierre s’en élançaient, croisés par deux ou trois niveaux de poutrages en bois. Une fosse accueillait les effluences et une grande croix de pierre avait été construite en contrebas de la butte entre la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle. Emblème de la haute justice de Paris, également émanation de la royauté, il s’agissait du Gibet capital. Montfaucon servait d‘abord à suspendre et à montrer les cadavres, parfois à exécuter, mais aussi à accueillir tous les restes humains privés de sépulture chrétienne. Néanmoins, sa partie monumentale était avant tout un décor de justice destiné à être vu de loin, décor qui se révèle souvent hors d’usage ou vermoulu, ce qui oblige à de fréquentes réparations ou installations de gibets de fortune aux alentours. Les expositions cessent au XVIIe siècle et l’ensemble est démoli vers 1760, tandis que la construction de la voierie de Montfaucon devait excaver les lieux. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les alentours furent défoncés par des activités d’équarrissage et d’exploitation de plâtrières, jusqu’à en effacer les traces archéologiques.


    • Fonctions :
    • Dates-clés
      • 1303 - Restauration et édification par Enguerrand de Marigny

      • 1315 - Exposition d'Enguerrand de Marigny

      • 1323 - Exposition de Jourdain de L'Isle

      • 1328 - Exposition de Pierre Rémy

      • vers 1396 - Erection d'une croix de pierre par Pierre de Craon

      • 1413 - Exposition de Pierre des Essarts

      • 1527 - Exposition de Jacques de Beaune

      • fin août 1572 - Exposition de l'Amiral de Coligny

      • 1760 - Fin des expositions et démolition partielle

      • 1790 - Destruction et arrêt de la concession funéraire pour les corps privés de sépulture

    • Personnes liées à l'établissement

        DE CRAON, Pierre

        Dates : 1345-1439


        Biographie

          Noble breton de la cour de Charles VI, il obtient et édicte l’économie générale des dévotions organisées au pied du Gibet qui explique l’érection d’une grande croix de pierre aux pieds de l’édifice.

        DE CRAON, Pierre (1345-1439)

        DE MARIGNY, Enguerrand

        Dates : 1260-1315


        Biographie

          Conseiller principal de Philippe le Bel, il fait restaurer et ériger les parties monumentales du Gibet de Montfaucon en 1303, avant d’y être suspendu lui-même en 1315 à l’occasion d’un procès politique.

        DE MARIGNY, Enguerrand (1260-1315)

    • Statistiques

        Selon les évaluations et les époques, le Gibet de Paris pouvait accueillir entre 30 et 60 cadavres. Ce nombre ne fut que rarement atteint dans la pratique, à l’exception des années 1430 et 1431.

    • Ressources

      • Bibliographie
        • Sauval Henri, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, Paris, Charles Moette & Jacques Chardon, Paris, 1724.

          Lavillegille (de) Arthur Nouail, Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon; recherches touchant l’origine, l’emplacement , l’usage et la description de ce gibet, avec plans et vue, et une notice sur les principaux personnages qui y ont été exposés, Paris, Techener, 1836.

          Perrot Michel, Impressions de voyage - Montfaucon : son gibet, sa voirie, son écorcherie, description topographique, historique et industrielle, Paris, 1840.

          Viollet-le-Duc Eugène, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, entrée « Fourches patibulaires », 1861,

          Maillard Firmin, Le gibet de Montfaucon, Paris, Auguste Aubry, 1863.

          Hillairet Jacques, Gibets, piloris et cachots du vieux Paris, Paris, Minuit, 1956.

          Prétou Pierre, « Le gibet de Montfaucon : l'iconographie d'une justice royale entre notoriété et désertion, de la fin du XIVe siècle au début du XXe siècle », dans Allinne Jean-Pierre et Soula Mathieu (dir.), La mort pénale : Les enjeux historiques et contemporains de la peine de mort, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « L’Univers des normes », 2015, p. 95-113.


      • Archives
        • Le Gibet de Paris n’a produit aucune archive spécifique. Les décisions d’exécution ne précisaient ni lieu ni date, tandis que les expositions ne sont pas enregistrées. Les historiens emploient donc les chroniques, les iconographies anciennes, les enregistrements comptables de frais et les relevés archéologiques contemporains.