Prison Brunain (cathédrale Notre-Dame de Tournai)

Référent : Florian Mariage  - Publié le 29/09/2020  - Dernière modification le 01/10/2020

Contributeurs : Florian Mariage



1. Coupe transversale du bras nord du transept de la cathédrale et localisation de la prison Brunain
Source : © Extrait de Deléhouzée 2015, p. 25
2. La prison Brunain dans la cathédrale : vue depuis la Place Paul-Émile Janson (2020)
Source : © Florian Mariage
3. La prison Brunain dans la cathédrale : porte et intérieur (2020)
Source : © Florian Mariage
4. La prison Brunain dans la cathédrale : porte et intérieur (2020)
Source : © Florian Mariage
5. La prison Brunain dans la cathédrale : porte et intérieur (2020)
Source : © Florian Mariage
6. La prison Brunain dans la cathédrale : porte et intérieur (2020)
Source : © Florian Mariage

Adresse :

Place de l'Évêché
TOURNAI

Ouvert au public : Oui

  • Identité
    • Localisation : Belgique, Wallonie, Province de Hainaut, Tournai
    • Site internet : http://www.cathedrale-tournai.be/cathedraletournai/fr/3716-Home.html

    • Date de Construction : 1100
    • Particularités :

      La prison capitulaire est toujours visible aujourd’hui dans la cathédrale Notre-Dame. Elle occupe un réduit uniquement accessible depuis le grand escalier à vis de la tour Brunain, l’une des cinq tours du transept. De plan irrégulier et composée de deux parties en enfilade, la prison a été construite dans l’épaisseur du mur de la tour et sur l’extrados de la voute et de la toiture de la chapelle de la Madeleine. Fermée d’une lourde porte en bois et éclairée par une étroite meurtrière donnant sur la place Paul-Émile Janson, la première pièce (salle de garde ?) contient de petites niches semi-circulaires et une cheminée. L’espace du fond (cachot) était également fermé d’une porte spécifique, disparue. Compte tenu de la chronologie de construction de la charpente reposant sur la voute du bras nord du transept et des deux portails latéraux qui ont servi à le contrebuter, cet espace aurait été conçu et construit bien avant 1150 ; la chronologie relative pour les portails latéraux les situant plutôt dans la décennie 1120. On ignore cependant si cet espace a, dès l’origine, fait office de prison.

      La prison Brunain est citée dès 1300 à l’occasion d’un conflit entre le chapitre et le chanoine trésorier au sujet de son utilisation. Elle semble partagée par les deux juridictions jusqu’au XVIIe siècle. En 1556/1557, les « huytz des prisons dudit seigneur thresaurier » font l’objet de réparations « tant en asselles, bois, serrures, verraux comme en fachon ». En 1570 est signalé le recours à la maison des vicariots et le registre aux causes criminelles du chapitre fait également mention de ces prisons spécifiques à partir de 1610, probablement localisées dans les petites maisons faisant face au portail occidental de la cathédrale. En 1572, le maître de chant du chapitre est incarcéré dans la prison (Brunain ?) durant six semaines au pain et à l’eau pour avoir abusé deux jeunes filles ; mais après une dizaine de jours, le lieu étant particulièrement humide, il obtient du chapitre de tenir prison en sa maison. En 1576, les « clochemans » de la cathédrale sont punis pour avoir permis aux prisonniers de circuler librement de nuit dans la cathédrale. En 1614, les chanoines aménagent un autre lieu pour placer les prisons (carceres), à l’opposé de l’autel Notre-Dame, dans le transept sud, et à proximité de chambres pour les clercs de la Trésorerie. Ces nouvelles prisons se trouvent sans doute au rez-de-chaussée ; en 1651, vu que l’endroit « est fortement crasseux, sombre et insalubre », on décide de réaménager le « lieu supérieur de l’antique prison », au-dessus des carolles de la nef. En 1749, du temps du chanoine Waucquier, la prison Brunain était utilisée comme « cirerie » et on y trouvait un autel ; « la cheminée sert à fondre les cires, et c’est en cette même place qu’on les façonne à usage d’église, et qu’on les trouve toutes prêtes au besoin pour le service ». D’après Waucquier, les condamnations de malfaiteurs étaient auparavant prononcées depuis la tribune au-dessus de la porte du Capitole, vers le beffroi, de sorte que les deux portails jouaient un rôle en matière de juridiction capitulaire. En 1849, Le Maistre d’Anstaing signale « la petite chapelle dite des prisonniers ou de la miséricorde, placée auprès de la prison du chapitre, dans le clocher Brunain, dans laquelle les malheureux détenus pouvaient trouver un allégement à leurs peines et le pardon de leurs offenses ».

      La cathédrale Notre-Dame est classée comme monument depuis 1936; elle est inscrite sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie et sur la liste du patrimoine mondial de  l’UNESCO (2000).

    • Statut patrimonial : inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, voir dans les "particularités" de l'établissement

    • Fonctions :
      • XIIe siècle À XVIIe siècle - prison

  • Dates-clés
    • 1100 - Début du chantier des parties romanes

    • 1171 - Consécration des parties romanes

    • 1300 - Première mention de la prison du chapitre

    • 1797 - suppression du chapitre et fin des privilèges juridiques

  • Personnes liées à l’établissement
  • Statistiques
  • Ressources

    • Bibliographie
      • DELÉHOUZÉ Laurent, « La place des portails dans la chronologie du chantier roman de la cathédrale de Tournai », in Françoise Duperroy et Yves Desmet, Les portails romans de la cathédrale Notre-Dame de Tournai. Contextualisation et restauration, Études et documents. Monuments et sites, 12, Namur, 2015, p. 17-29.

        DE NÉDONCHEL Georges, Des anciennes lois criminelles en usage dans la ville de Tournai, et principalement des condamnations à mort, depuis l'année 1313 jusqu'au mois de juillet 1553, Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai, 9, Tournai, 1867, p. 24, 279, 326.

        LE MAISTRE D'ANSTAING Idesbald, Recherches sur l'histoire et l'architecture de l'église cathédrale de Notre-Dame de Tournai, Tournai, 1842, vol. 1, p. 200 et 269.

        MARIAGE Florian, « Matérialité, acteurs et usages des prisons de Tournai à la fin du Moyen âge : un état des lieux », Criminocorpus, à paraître.

        MARIAGE Florian, « Ouvertes pour inventaire. Les prisons de Tournai à la fin du Moyen âge », Criminocorpus, à paraître.

        MARIAGE Florian, « Dispersion, collaborations, concurrences ? Le paysage carcéral de Tournai à la fin du Moyen Âge (ca 1300-1600) », in Les espaces carcéraux au Moyen Âge : approche interdisciplinaire des territoires et des matérialités de l’incarcération médiévale (collection Scripta Mediaevalia), Bordeaux, Editions Ausonius, à paraître en 2021.

        PYCKE Jacques, Sons, couleurs, odeurs dans la cathédrale de Tournai au 15e siècle. I. Edition du cérémonial et des ordinaires; suivie du commentaire (I): les acteurs, les lieux et le mobilier liturgique, Tournai - Art et histoire, 17, Tournai - Louvain-la-Neuve, 2003, p. 216.

        PYCKE Jacques, Les documents du Trésor des chartes de la cathédrale de Tournai relatifs aux relations économiques et juridiques entre le chapitre cathédral et la commune de Tournai au Moyen Age (716-1386), Tournai - Art et histoire. Instruments de travail, 20, Tournai - Louvain-la-Neuve, 2012, n°240, p. 297, n° 251, p. 315, n° 284, p. 349, p. 392-394, n° 316.

        PYCKE Jacques (dir.), Une description inédite de la cathédrale de Tournai au siècle des Lumières. Les écrits du chanoine Denis-D. Waucquier, 1742-1752, Tournai - Art et histoire. Instruments de travail, 29, Tournai - Louvain-la-Neuve, 2017, p. 100 et 110.

        PYCKE Jacques et Mariage Florian, Les appellations actuelles et anciennes des lieux de la cathédrale et du clos capitulaire de Tournai, Tournai - Art et histoire. Instruments de travail, 1, Tournai –Louvain-la-Neuve, 2003 (nouvelle édition revue et augmentée en 2004), p. 53.

        VOISIN Charles-Joseph, « Le trésorier et le trésor de la cathédrale de Tournai », Bulletins de la Société historique et littéraire de Tournai, 1866, 11, p. 290-291.


    • Archives
      • BRUXELLES, ARCHIVES GÉNÉRALES DU ROYAUME

        Chambres des comptes, 39975, fol. 74 r° (1556/1557).

         

        TOURNAI, ARCHIVES DE LA CATHÉDRALE

        Actes capitulaires, 23 avril 1568, 2 octobre 1570, 9 juillet, 19, 26 septembre, 8 octobre, 12, 23 novembre, 31 décembre 1571, 31 octobre 1575, 3 juillet 1576, 18 et 19 juin 1614, 24 février 1651.

        Fonds de la trésorerie, 11 (registre aux plaids de la trésorerie, 1630-1759).

        Registre 426a (sentences criminelles du chapitre, 1590-1641) ; Registre 598a (comptes de la trésorerie, 1533-1584) ; Registre 598b (comptes de la trésorerie, 1605-1626).