Prison de Pont-L’Évêque

Référent : Marc Renneville  - Publié le 07/04/2017  - Dernière modification le 05/10/2018

Contributeurs : Réjane Boursier, Jean-Claude Vimont, Caroline Soppelsa, Marc Renneville



Vue extérieure de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Façade et entrée principale de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Détail de la façade de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Entrée principale de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Plan de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Escalier de la cour intérieur de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Grille principale de l'accès à la détention (prison de Pont-L’Évêque)
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Graffiti de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont
Affiche du film "La Joyeuse prison" (1956)
Vue intérieure de la prison de Pont-L’Évêque
Source : Réjane Boursier et Jean-Claude Vimont

Adresse

5 Rue Eugène Pian, 14130 Pont-l'Évêque
PONT-L'ÉVÊQUE

Ouvert au public : Oui

  • Identité
    • Localisation : France, Normandie, Calvados, Pont-l'Évêque
    • Site internet : http://www.pontleveque.fr/patrimoine-culturel/la-joyeuse-prison/

    • Date de Construction : 1823-1828
    • Période de fonctionnement : 1828-1953
    • Particularités :

      La prison est organisée autour d’un puits de lumière. Au centre, une chapelle, installée au premier étage est entourée de forts barreaux. De part et d’autre, disposées de manière symétrique quatre grandes chambres de 5 mètres sur 5 mètres au premier étage et quatre autres au second, qui pourraient être qualifiées de dortoirs, sont réservées aux hommes et aux femmes, aux prévenus et aux condamnés. Il ne s’agit donc pas de cellules. L’époque est aux aménagements de quartiers distincts et à la moralisation par le secours de la religion et de l’instruction élémentaire. La cour est elle même séparée en deux parties pour isoler les femmes des hommes. Plusieurs locaux hébergent les gardiens et le gardien-chef. Un mitard disciplinaire existe au sous-sol, ainsi qu’une vaste cuisine et des commodités. Des parloirs grillagés isolent les visiteurs des détenus.

    • Statut patrimonial : inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques
    • Référence Mérimée (Monuments historiques)

    • Fonctions :
      • 1828 à novembre 1953 - maison d'arrêt

  • Dates-clés
    • 18 janvier 1949 - avril 1949 - Témoignage de René Girier, dit "René la canne"

      Le 18 janvier 1949, René Girier dit René la canne ou encore "le roi de l'évasion" est condamné pour tentative de vol de voiture à huit mois de prison. Il est écroué dans la prison de Pont-l’Évêque, « une étrange cabane », comme il la décrit dans ses mémoires (René la Canne, Je tire ma révérence, Paris, La Table Ronde, 1977) . Les formalités d’écrou y sont accomplies par un détenu condamné pour escroquerie et qui fait office de comptable, de véritable administrateur de la prison, confectionnant même de faux certificats de libération. Il s’est substitué au gardien-chef Fernand Billa, un ivrogne en poste depuis 1946, qui a établi dans la geôle un régime débonnaire : permissions de nuit et de jour, visites de compagnes dans l’infirmerie, festins et alcool pour ceux qui disposent de moyens. Les détenus effectuent de menus travaux chez les habitants, chez les magistrats du palais de justice voisin. Tout se monnaye au sein de la détention. René Girier évoque les laissés-pour-compte de cet étrange régime d’incarcération : « Après avoir fini les formalités, il me bouscule dans une grande pièce. D’abord je ne vois presque rien tant le poêle qui trône au milieu dégage de fumée. Couchés, vautrés à même le sol, trente pauvres mecs me regardent. La barbe leur mange les joues. Ils sont hâces, vêtus de loques, décharnés comme des galériens. […] La tinette est un tonneau de fer dans lequel un prisonnier squelettique, froc aux chevilles, est en train de plonger ses fesses. » (p. 244) « Les sans-grade, les dévaliseurs de poulaillers, les voleurs de vélo, les clochards, les chapardeurs, les vagabonds qui constituent quand j’arrive à Pont-l’Évêque la population de la prison, traînent une existence de bagnards, mourant de faim, de froid, rongés par la crasse, envahis de vermine. » (p. 245) « Chaque soir, nous nous déshabillons dans le couloir et, en slip, après une fouille extrêmement stricte, nous gagnons le dortoir du premier étage, emportant avec nous l’unique tinette de la prison. dans le dortoir, des fenêtres en demi-cercle sont armées de barreaux carrés disposés en rayon de soleil. Je les examine. ils sont énormes. Ils font quatre centimètres de côté. » (p. 246) En avril 1949, Girier s’évade de la prison. Des enquêtes administratives sont diligentées. Le gardien-chef est sanctionné, puis condamné à trois ans de prison.

    • novembre 1953 - Fermeture

      La prison de Pont-L’Évêque ferme en même temps que 11 autres maisons d'arrêt urbaines de faible capacité, en novembre 1953.

    • 1956 - 1956 - Sortie du film 'La Joyeuse prison"

      Comédie réalisée par André Berthoumieu avec Michel Simon dans le rôle du surveillant-chef. Le film est inspiré du procès du surveillant-chef reconnaît coupable d'un relâchement de la discipline. L'action est ici déplacée à la prison imaginaire de "Clouville" mais elle reste en Normandie. La règle du surveillant-chef Benoît est d'appliquer le principe du "préjugé favorable" pour tout nouvel arrivant. Malgré l'avis de sa femme Justice (Paulette Dubost), Benoît entend bien "se faire aimer plutôt que de se faire craindre". On note la présence de Darry Cowl dans le rôle de maître Larigot.

  • Personnes liées à l'établissement

      GIRIER, René

      Dates : 1919-2000

      Statut : détenu-e


      Biographie

        René Girier dit "René la canne" est l'une des figures du bandit bien-aimé de la Libération, en raison de ses condamnations pour des actes sans violence mais aussi de ses évasions. Né à Oullins dans la banlieue sud de Lyon, il connaît dès l'âge de 15 ans la détention préventive à la maison d'arrêt de Valence (Drôme). Acquitté en 1934, il est placé en maison d'éducation correctionnelle. Il séjourne à la colonie pénitentiaire de Saint-Maurice à Lamotte-Beuvron où il est repris en situation d'évasion par deux fois. Incorporé dans un régiment du Génie au Maroc, il simule la folie et obtient sa réforme. pendant l'Occupation, Girier adopte la pratique de la "fausse poule", qui consiste à cambrioler les appartements en se faisant passer pour un policier. Il est arrêté en 1943, s'évade et reprend ses cambriolages. En 1947, il est arrêté et transféré à la section Henri-Colin des malades difficiles de l'hôpital psychiatrique de Villejuif. Girier s'en échappe avec Emile Buisson mais sa cavale ne dure que 10 jours. Repris, il est incarcéré à la prison de la Santé. En 1949, il est condamné pour un volt de voiture et un holdup à la bijouterie Van Cleef & Appels de Deauville. Incarcéré à la maison d'arrêt de Pont-Lévêque, il y découvre un régime de détention relâché qui lui permet de s'évader facilement quelques mois plus tard. Il poursuit ses méfaits et évite une condamnation à la relégation grâce à l'intervention de la princesse Charlotte de Monaco en 1954. Après un stage de fraiseur à la prison-école d'Écrouves, il devient le chauffeur de la princesse Charlotte de Monaco, assise au mariage du prince Rainier et de Grace Kelly. En 1957, il ouvre une librairie à Reims. René Girier a publié ses mémoires sous plusieurs titres : Chienne de vie (1952), Je tire ma révérence (1977) et Tu peux pas savoir (1988).

      GIRIER, René (détenu-e) (1919-2000)

      HAROU-ROMAIN, Nicolas-Philippe

      Dates : 1796-1866

      Statut : architecte


      Biographie

        Nicolas-Philippe Harou-Romain est architecte comme son père Jean-Baptiste. Il suit une formation à l’École polytechnique (jusqu'en 1815) avant de succéder à son père aux fonctions d'architecte départemental (1821-1843). Il reprend à son tour les travaux inachevés (préfecture, Beaulieu, prison de Pont-L'Évêque), se passionnant pour la question pénitentiaire à laquelle il consacre bientôt un ouvrage remarqué (Projet de pénitencier et de la maison centrale de Beaulieu, Caen, Impr. de Lesaulnier, 1840, 52 p. et pl.) ce qui lui vaut de participer à l'élaboration de l'Atlas de plans modèles de 1841 (Guillaume Abel Blouet, Nicolas-Philippe Harou-Romain, Hector Horeau, Instruction et programme pour la construction des maisons d'arrêt et de justice. Atlas de plans de prisons cellulaires, Paris, [s. n.], 1841). Il achève parallèlement la construction du Palais Fontette (en particulier la partie est et l'entrée secondaire sur la place Saint-Sauveur). Son œuvre caennais compte encore l'obélisque du duc de Berry et le théâtre. En 1848, il quitte la Normandie pour devenir architecte du diocèse d'Alger.

        Pour en savoir plus :

        Fiche biographique dans l'annuaire prosopographique de la France savante du CTHS.

      HAROU-ROMAIN, Nicolas-Philippe (architecte) (1796-1866)

      HAROU-ROMAIN, Jean-Baptiste

      Dates : 1761-1822

      Statut : architecte


      Biographie

        Originaire de l'Eure, Jean-Baptiste Harou-Romain, élève de Leroy à l'Académie royale, s'illustre en 1788 en obtenant un deuxième Grand Prix, puis en s'investissant dans les institutions artistiques mises en place par la Révolution française. Nommé architecte municipal de Caen et premier architecte du département du Calvados (1811-1821), il poursuit les grands chantiers alors en cours : aménagement de la maison centrale de Beaulieu, construction du palais de justice de Caen et agrandissement de l'hôtel de préfecture principalement. Il est également chargé de la conception de la petite maison d'arrêt de Pont-L'Évêque.

      HAROU-ROMAIN, Jean-Baptiste (architecte) (1761-1822)

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