Prisons du bailliage de Tournai-Tournaisis

Référent : Florian Mariage  - Publié le 30/09/2020  - Dernière modification le 01/10/2020

Contributeurs : Florian Mariage



1. L’hôtel de la Couronne (B), siège de l’hôtel du bailliage, et le bâtiment accolé (aujourd’hui le Carillon - A), dont les sous-sols abritent les prisons royales du bailliage de Tournai-Tournaisis à partir de la fin du XVIe siècle
Lithographie de Vasseur extraite de Bozière 1864, p. 332-334, pl. XXXII.
Source : © Florian Mariage
2. Cellules aménagées dans le niveau inférieur des caves voutées du n°64 de la Grand-Place (2020)
Source : © Florian Mariage
3. Cellules aménagées dans le niveau inférieur des caves voutées du n°64 de la Grand-Place (2020)
Source : © Florian Mariage

Adresse :

Grand'Place 64
TOURNAI

Ouvert au public : Non

  • Identité
    • Localisation : Belgique, Wallonie, Province de Hainaut, Tournai
    • Date de Construction : ca 1580
    • Particularités :

      C’est en 1539 que le souverain fait l’acquisition par décret d’une maison particulière sur la Grand-Place, à l’enseigne de la Couronne, avec le dessein d’y placer l’ensemble des services de l’administration du bailliage de Tournai-Tournaisis, précédemment à Maire. Des travaux importants sont réalisés jusqu’en 1550 mais jamais complètement achevés, faute de moyens, et les prisons ne sont pas aménagées. En 1561, la maison est arrentée perpétuellement au procureur fiscal du bailliage, Pasquier de le Barre, à charge qu’il poursuive les travaux entamés, et qu’il réserve l’usage de certaines pièces au service de l’administration provinciale. Les travaux sont sans doute réalisés mais il n’est pas encore question de prisons. En 1568, Pasquier de le Barre est exécuté pour hérésie et la maison, confisquée, retourne au domaine. Le projet d’affecter en prisons les sous-sols de la maison de la Grand-Place refait surface au début des années 1580 ; vu «  que les prisonniers ne s’y povoyent sceurement garder et qu’il n’y a autre maison ny place pour detenir iceulx », le domaine y fait réaliser des travaux de réparation « pour le maintenement de la justice » et « l’asseurement desdites prisons » : verrières, ferronneries, charpentes, réalisation d’un appentis en ardoises. Ces travaux ne concernent pas la maison de la couronne (n°63) mais la maison voisine, à l’angle du réduit des Sions (n°64 aujourd’hui – Le Carillon) ; Guillaume Roman, greffier du bailliage, est en effet « occupeur de la maison vosinne (sic) desdites prisons » en 1585/1586. En 1589, le receveur du bailliage se fait rappeler à l’ordre à ce sujet car le souverain n’est pas propriétaire des lieux. À partir de 1613, la maison et les prisons font l’objet de travaux importants. Entre 1712 et 1720, les prisons de la maison du bailliage sont gérées par un geôlier protestant nommé par les États Généraux des Provinces Unies, ce qui soulève des réclamations de la part des officiers du bailliage. On ignore si les prisons ont fonctionné jusqu’à la suppression du bailliage en 1773 et la création du Conseil provincial de Tournai-Tournaisis.

      Le niveau inférieur des caves du n°64 de la Grand-Place révèle l’existence de trois cellules rectangulaires de 12 m², aménagées dans un espace vouté en pierre, sans doute préexistant. Ces cellules, disposées en enfilade, sont desservies par un couloir latéral. Les portes aux encadrements de pierre appareillées ne possèdent plus leurs menuiseries ; un conduit d’aération oblique fait communiquer chaque cellule avec le couloir. On n’observe pas de trace de latrine, de cheminée ou d’élément de ferronnerie. Les prisons se poursuivaient peut-être vers le réduit des Sions. Soil parle aussi de trois niveaux de caves en 1896 : « Dans le sous-sol règnent trois étages de caves. Le premier s'étend sous toute la longueur de l'édifice. Il est vouté en berceau, et construit en moellons. Le second se compose d'un étroit couloir donnant accès à trois réduits voutés en berceau, qui ne reçoivent ni air ni lumière de l'extérieur, et n'ont d'autre ouverture que la porte et une étroite meurtrière ouvrant sur le couloir. C'étaient les prisons de l'ancien baillage. Le troisième étage est en partie comblé, on ne voit plus trace de l'escalier qui y conduisait ».

      L’ancien restaurant « Le Carillon » est repris pastillé à l’inventaire du patrimoine régional.

    • Statut patrimonial : voir dans les "particularités" de l'établissement

    • Fonctions :
      • XVIe siècle À XVIIIe siècle - prison

  • Dates-clés
    • Personnes liées à l’établissement
    • Statistiques
    • Ressources

      • Bibliographie
        • BOZIÈRE Aimé-François-Joseph, Tournai ancien et moderne, Tournai, 1864.

          DELCOURT Christophe, Henry Lacoste. Itinéraire de ses traces oubliées dans le Tournaisis, Mémoire présenté à l'Institut Saint-Luc de Tournai en vue de l'obtention du grade d'architecte, sous la direction de S. Le Bailly de Tilleghem, Tournai, 2002, p. 38-46.

          HOCQUET Adolphe, « Chronique d'art. La restauration d'anciennes façades », Revue tournaisienne, 1908, 4/5, p. 100-102.

          MARIAGE Florian, « Pasquier de le Barre et l'hôtel du bailliage de Tournai (1561) », Nouvelles de la Société royale d'histoire et d'archéologie de Tournai, 2011, 10/5, p. 60-64.

          MARIAGE Florian, Bailli royal, seigneurs et communautés villageoises. Jeux et enjeux de pouvoir(s) en Tournaisis de la fin du XIVe à la fin du XVIe siècle, thèse inédite de doctorat en histoire présentée à l'UCL, Louvain-la-Neuve, 2013, vol. 1, p. 285-297.

          MARIAGE Florian, Bailli royal, seigneurs et communautés villageoises. Jeux et enjeux de pouvoirs en Tournaisis de la fin du XIVe à la fin du XVIe siècle, Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les Provinces. Studies in Belgian History 1, Bruxelles, 2015, p. 124-125.

          MARIAGE Florian, « Matérialité, acteurs et usages des prisons de Tournai à la fin du Moyen âge : un état des lieux », Criminocorpus, à paraître.

          MARIAGE Florian, « Ouvertes pour inventaire. Les prisons de Tournai à la fin du Moyen âge », Criminocorpus, à paraître.

          MARIAGE Florian, « Dispersion, collaborations, concurrences ? Le paysage carcéral de Tournai à la fin du Moyen Âge (ca 1300-1600) », in Les espaces carcéraux au Moyen Âge : approche interdisciplinaire des territoires et des matérialités de l’incarcération médiévale (collection Scripta Mediaevalia), Bordeaux, Editions Ausonius, à paraître en 2021.

          Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 6/2, Liège, 1978, p. 632.

          SOIL DE MORIAMÉ Eugène-Justin, « Tournai archéologique en 1895 », in Compte-rendu des travaux du dixième congrès [de la Fédération archéologique et historique de Belgique], Tournai 5-8 août 1895, Tournai, 1896, p. 53.


      • Archives
        • Les archives mentionnées ici concernent la période d’occupation du bâtiment antérieur à 1600

           

          BRUXELLES, ARCHIVES GÉNÉRALES DU ROYAUME

          Chambres des comptes (CC), 3556, fol. 96 r°-97r° et 109 r°-110 r° (1597-1600).

          Chartes de Flandre, 1451 (1539-1550).

          Archives générales du Royaume, Conseil d’État, 722 (1720).

           

          LILLE, ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU NORD

          Série B (B), 13098, fol. 136 r°-v° (1585/1586) ; B13100, fol. 184 v°-186 r° (1587) ; B13103, fol. 104 v°-105 r° (1591-1592) ; B13109, fol. 81 r°-82 v° et 96 r°-97 r° (1597/1600).

          Série C. Intendance, 14529 (1589). 

           

          TOURNAI, ARCHIVES DE L'ÉTAT

          Conseil provincial de Tournai-Tournaisis, 4, fol. 199 r°-205 v° (1561).

          Ms 96, fol. 41 v°-42 v° (1612-1613).