Tour Henri VIII ou Grosse Tour (Tournai)

Référent : Florian Mariage  - Publié le 30/09/2020  - Dernière modification le 01/10/2020

Contributeurs : Florian Mariage



1. La Grosse tour ou tour Henri VIII, d’après le plan en relief de Tournai (1701) conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille (2020)
La toiture en poivrière est un ajout de la fin du XVIIe siècle.
Source : © Florian Mariage
2. La tour Henri VIII : extérieur avec ses échafaudages (2020)
Source : © Florian Mariage
3. La tour Henri VIII : intérieur de la casemate supérieure (2020)
Source : © Florian Mariage
4. Le château anglais, sur le plan de Blaeu (1649)
En A : pont du château et accès depuis la ville ; B : porte des Arcs (Pont des Trous) ; C : Palais du gouverneur ; D : Grosse tour ou tour Henri VIII ; E : porte du Bruille.
Source : © Fond de plan : collection privée

Adresse :

Rue du Rempart
TOURNAI

Ouvert au public : Non

  • Identité
    • Localisation : Belgique, Wallonie, Province de Hainaut, Tournai
    • Date de Construction : 1515
    • Période de fonctionnement : 1527-fin XVIe siècle
    • Particularités :

      La tour Henri VIII est une tour d’angle massive, en grès, brique et pierre calcaire, mesurant 21 m de hauteur hors sol, 27,5 m de diamètre, et des murs de 7 m d’épaisseur, comprenant deux casemates superposées de 13 m de diamètre et voutées de briques. Six canonnières sur deux niveaux flanquaient les courtines, celles du niveau inférieur étant actuellement sous le niveau du sol. Le pied et le sommet de la tour ont fait l’objet de diverses prospections archéologiques en 2007 et 2008. Il ne subsiste aucune trace, à l’intérieur des casemates, de l’occupation de la tour comme prison.

      Peu de temps après la prise de Tournai par Henri VIII (1513), le monarque anglais décide d’aménager une citadelle ou château dans le quartier Saint-Nicolas, afin de loger sa garnison et accueillir un gouverneur militaire. L’enceinte médiévale préexistante est réutilisée mais deux autres pans de courtine ferment le château vers l’Escaut et la paroisse Saint-Brice. Des boulevards et tours d’artillerie sont construits, dont une « grosse tour » dans l’angle nord-est. La tour est utilisée comme prison à partir de 1527, principalement dans le cadre de la lutte contre les rebelles et les « hérétiques », menée par les gouverneurs successifs de Tournai. Les prisons restent en fonction sans discontinuer au moins jusqu’en 1590. De 1549 à la fin du XVIe siècle, de nombreux travaux d’aménagement ou de réparation sont apportés, particulièrement aux portes et canonnières qui souffrent de l’affectation du site comme prison. Il semble que la « grosse tour » était pourvue à son sommet d’une « hobette » ou petite guérite couverte d’une charpente, sans doute destinée à abriter les soldats disposés sur la plateforme et servant de poste d’observation et de garde; on y travaillait en juin 1552. En 1562/1563 on livre 7 seaux de bois pour servir « de basses chambres » aux prisons du château. Cette année-là, les prisons étaient inondées en raison d’une crue de l’Escaut. Deux prisonniers s’en échappent en 1568. En 1570/1571, trois charpentiers travaillent durant huit jours « a la grosse tour dudit chasteau a cause des eauwes qui degoutoient sur les prisonniers estant en icelle ». En 1572 et 1573, on comble les « rayères » au moyen de briques et de châssis métallique ; des grilles sont placées « affin que les prisonniers ne puissent recevoir ny baillier aulcunes lettres ». En 1573 on signale une « basse prison » et de l’estrain est livré pour les « prisonniers estant en la basse et hault thour », et la « prison d’en hault », signe que les deux niveaux sont occupés. Cette même année, les prisonniers français qui y sont détenus percent la « rayère » et une partie de la muraille, laquelle fait l’objet de réparation. Des barreaux de fer sont fixés aux parois pour « l’enforchement de la grosse thour embas d’icelle » et la fermeture des fenêtres ; les portes des prisons hautes et basses sont renforcées de pentures, verrous et serrures. Par marché du 5 novembre 1584, plusieurs canonnières de la tour sont bouchées pour l’usage des prisons. De nouveaux travaux de serrurerie sont effectués en 1589/1590 à la cheminée d’une chambre existant dans la tour pour des prisonniers de marque – l’ancienne salle de garde ? –, pour l’entrée de la « montée » ou escalier de la tour ainsi que pour la porte menant vers la « fondfosse » désignant sans doute les prisons de la casemate inférieure. Après avoir été utilisée comme magasin à poudre (XVIIe-XVIIIe s.) et pourvue d’une toiture en poivrière, la tour Henri VIII est désaffectée (XIXe s.). Devenue musée d’armes en 1929, elle est classée comme monument en 1963. Elle attend aujourd’hui une restauration et une réaffectation.

      La tour Henri VIII est classée comme monument depuis 1963; elle est inscrite sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie.

    • Statut patrimonial : voir dans les "particularités" de l'établissement

    • Fonctions :
      • 1527 À fin XVIe siècle - prison

  • Dates-clés
    • 1513 - Prise de Tournai par le roi d’Angleterre Henri VIII

    • 1515 - Début de la construction d’un château anglais dans une paroisse de Tournai

    • 1527 - Première mention de la « Grosse tour » comme prison

    • 1929 - Aménagement d’un musée d’armes

  • Personnes liées à l’établissement
  • Statistiques
  • Ressources

    • Bibliographie
      • BOZIÈRE Aimé-François-Joseph, Tournai ancien et moderne, Tournai, 1864, p. 56-57.

        DE NÉDONCHEL Georges, Des anciennes lois criminelles en usage dans la ville de Tournai, et principalement des condamnations à mort, depuis l'année 1313 jusqu'au mois de juillet 1553, Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai, 9, Tournai, 1867, p. 24, 279, 326.

        DERAMAIX Isabelle, DOSOGNE Michèle et WEINKAUF Erika, « Dernières découvertes concernant les enceintes tournaisiennes », Mémoires de la Société royale d’histoire et d'archéologie de Tournai, 2010, 13, p. 107-120

        DERAMAIX Isabelle et DOSOGNE Michèle, « La tour Henri VIII, un témoin exceptionnel du développement de l'artillerie dans nos régions », Bulletin de Pasquier Grenier, 2013, 114, p. 9-12.

        GACHARD Louis-Prosper, « Extraits des registres des consaux de Tournai (1472-1490, 1559-1572, 1580-1581) suivis de la liste des prévôts et des mayeurs de cette ville depuis 1667 jusqu'en 1794 »,  Bulletins de la Commission royale d'histoire, 1ere série, 1846, 11, (tiré-à-part p. 83).

        GILLEMAN Marie-Suzanne, « Le quartier du château », in Françoise Thomas et Jacques Nazet (dir.), Tournai. Une ville, un fleuve (XVIe-XVIIe siècle), Bruxelles, 1995, p. 217-228.

        HOCQUET Adolphe, Tournai et le Tournaisis au XVIe siècle, au point de vue politique et social, Mémoires de l'Académie royale de Belgique, Classe des Lettres, in-4°, 1, Bruxelles, 1905, p. 101, 166, 323.

        MARIAGE Florian, « Jehan de Tenremonde, capitaine de Tournai, et la conspiration de 1527 », Mémoires de la Société royale d'histoire et d'archéologie de Tournai, 2017, 12, p. 92.

        MARIAGE Florian, « Matérialité, acteurs et usages des prisons de Tournai à la fin du Moyen âge : un état des lieux », Criminocorpus, à paraître.

        MARIAGE Florian, « Ouvertes pour inventaire. Les prisons de Tournai à la fin du Moyen âge », Criminocorpus, à paraître.

        MARIAGE Florian, « Dispersion, collaborations, concurrences ? Le paysage carcéral de Tournai à la fin du Moyen Âge (ca 1300-1600) », in Les espaces carcéraux au Moyen Âge : approche interdisciplinaire des territoires et des matérialités de l’incarcération médiévale (collection Scripta Mediaevalia), Bordeaux, Éditions Ausonius, à paraître en 2021.

        MOREAU Gérard, Histoire du protestantisme à Tournai à la veille de la Révolution des Pays-Bas, Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, 167, Paris, 1962, p. 209, 211, 213.

        Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 6/2, Liège, 1978, p. 497.

        PINCHART Alexandre, Mémoires de Pasquier de la Barre et de Nicolas Soldoyer pour servir à l'histoire de Tournai, 1565-1570, t. 1, Bruxelles, 1859, p. 99-100 ; t. 2, 1865, p. 15, 45, 55, 63, 83, 84, 264, 287, 318, 329, 331, 342, 344.

        SALAMAGNE Alain, « Château ou citadelle ? Les fortifications de Tournai et la fin de l'architecture militaire médiévale », Mémoires de la Société royale d'histoire et d'archéologie de Tournai, 1995, 8, p. 5-31.

        VÊCHE Pierre-Marie, La fortification urbaine à Tournai des origines à 1513, Mémoire de licence inédit en histoire à l'Université catholique de Louvain, 2 vol., Louvain-la-Neuve, 1984, p. 118-119.


    • Archives
      • Les archives mentionnées ici concernent principalement la période d’occupation du bâtiment antérieur à 1600

        BRUXELLES, ARCHIVES GÉNÉRALES DU ROYAUME

        Chambres des comptes (CC), 3554, fol. 154 r°-182 r° (1559); CC 3555, fol. 44 v°, 52 r°-v° (1581/1582); CC 18256 (1527) ; CC 27267, fol. 131 r°-152 v° (1527) ; CC 39969, fol. 42 r° (1551/1552); CC 39973, fol. 72 v° (1554/1555) ; CC 39988, fol. 64 r° (1560/1570).

        Papiers d’État et de l’Audience, 354 (1561), 1663/2h (1549).

         

        LILLE, ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU NORD

        Série B (B), 13062 (1531/1532); B13063 (1532/1533); B13064 (1533/1534) ; B13066 (1535/1536) ; B13072 (1548/1549) ; B13073, fol. 143 r°-149 r° (1549/1550) ; B13076, fol. 112 r°-117 v° (1552/1553) ; B13082 (1562/1563) ; B13083 (1563/1564) ; B13084, fol. 109 v°-113 v° (1556) ; B13085, fol. 90 r°-95 v° (1567) ; B13086, fol. 154 r°-166 r° (1570/1571) ; B13087, fol. 137 r°-146 v°, 165 r°-176 v° et 190 v°-212 r° (1572/1573) ; B13088, fol. 211 v°-212 r°, 215 r°-217 v°, 219 r°, 220 r° (1573/1574) ; B13089, fol. 202 v° (1574) ; B13091, fol. 114 v° (1576) ; B13096, fol. 70 r°-73 r° (1583/1584); B13097, fol. 85 r°-116 r°, 155 v° (1583/1584) ; B13100, fol. 173 v°-174 r° (1587) ; B13101, fol. 226 v°-229 r° (1589/1590) ; B13103, fol. 113 v° ; B13104, fol. 228 v° (1593) ; B13105, fol. 207 r° (1592) ;  B13106, fol. 109 r° (1591) ; B13152 (n°152953 ; 1527).

        Cartes et plans, 50fi106.